Une comédie noire qui redéfinit la maturité féminine
Sur HBO Max, une nouvelle série espagnole fait office de raz-de-marée : “Furia”. Portée par un casting cinq étoiles – Carmen Machi, Candela Peña, Pilar Castro, Nathalie Poza et Cecilia Roth – elle bouscule les clichés liés à la cinquantaine et nous plonge dans un univers à la croisée du grotesque et du réaliste. Dès les premiers épisodes, on comprend qu’il ne s’agit pas d’une dramédie ordinaire : ici, la rage devient moteur d’émancipation.
Des portraits de femmes sans filtre
Chaque protagoniste de “Furia” incarne une facette de la cinquantaine contrariée par la société :
- Carmen Machi, artiste conceptuelle, mise au défi par une proposition aussi provocante qu’inattendue.
- Candela Peña, employée de grands magasins, confrontée au choc générationnel et à l’usurpation de son poste.
- Nathalie Poza, locataire menacée de saisie, partagée entre solidarité familiale et instinct de survie.
- Cecilia Roth, ancienne icône du cinéma érotique, invitée à un comeback professionnel dont le véritable enjeu reste flou.
- Pilar Castro, cheffe vegan, prête à tout pour venger la critique culinaire qui a brisé sa carrière.
Ces récits autonomes s’enchaînent comme des dominos : chaque choix entraîne une conséquence, et la tension ne cesse de monter.
Un ton osé entre humour noir et réflexion sociale
Créée par Félix Sabroso, “Furia” ose traiter de thèmes sensibles avec un humour mordant. Elle aborde :
- L’âgisme et la pression sociale sur les femmes après 50 ans.
- La précarité économique, entre loyers impayés et salaires stagnants.
- Le poids du regard des autres : du milieu professionnel aux réseaux sociaux.
- Le désir de vengeance lorsque le système se révèle injuste et inégalitaire.
La série joue constamment sur le décalage entre la façade “bien sage” et la fureur intérieure, créant des scènes à la fois hilarantes et profondément inconfortables.
Des influences cinématographiques assumées
“Furia” rend un vibrant hommage à Pedro Almodóvar, tant par la palette de couleurs que par la complexité émotionnelle des personnages. On décèle aussi des clins d’œil à Bong Joon-ho (“Parasites”) et à Damián Szifron (“Relatos salvajes”), grâce à ces montages de destins croisés et à ces pointes de violence absurdes, toujours au service d’une satire sociale décapante.
Une immersion qui se savoure lentement
Contrairement aux séries conçues pour les binges nocturnes, “Furia” mérite d’être dégustée à petites doses. Chaque épisode, d’une durée moyenne de 40 à 50 minutes, laisse le temps de digérer l’impact des rebondissements et d’apprécier la finesse des dialogues. On se surprend à vouloir laisser reposer chaque histoire avant de lancer la suivante, comme on sirote un grand cru.
Pourquoi “Furia” devient rapidement un phénomène
Plus qu’un simple divertissement, la série offre :
- Une représentation rare et puissante des femmes mûres, loin des stéréotypes de mère sacrificielle ou d’épouse effacée.
- Une écriture qui ne cède jamais au larmoyant ni au sermon, mais qui questionne avec intelligence les rapports de pouvoir et d’injustice.
- Un équilibre subtil entre le relatable et l’inattendu : on se reconnaît dans les petites humiliations du quotidien avant d’être surpris par des twists impitoyables.
Les actrices formidables donnent vie à des héroïnes imparfaites, dont la rage devient un carburant pour une forme d’empowerment singulier.
Comment entrer dans la “Furia”
Pour aborder cette série dans les meilleures dispositions :
- Choisissez un moment où vous pouvez vous concentrer : évitez les sessions multitâches.
- Laissez vos préjugés de côté : préparez-vous à rire, à hocher la tête d’indignation et parfois à froncer les sourcils.
- Prévoyez un espace confortable, avec de quoi noter vos scènes favorites et vos réflexions sur les thèmes soulevés.
“Furia” est une invitation à redécouvrir la télévision comme un miroir qui fait écho à nos colères et à nos désirs de justice, tout en nous divertissant avec audace.