Madame Mary

Mario Casas époustouflant dansMuy lejos: le film espagnol qui va vous briser le cœur (et vous réconcilier avec le cinéma)

Un film qui prend aux tripes : Mario Casas magistral dans « Muy lejos »

Quand on appuie sur play sans trop savoir à quoi s’attendre et que la projection se transforme en claque émotionnelle, on sait qu’on tient quelque chose de rare. « Muy lejos », l’ouvrage premier de Gerard Oms disponible sur Movistar+, est de ces films qui restent après le générique. Mario Casas y incarne Sergio, un personnage d’une complexité rare : à la fois rude, blessé, perdu et en quête d’une identité refusée. En tant que lectrice et curatrice de petits plaisirs cinématographiques pour MadameMary.fr, j’ai été profondément touchée par la trajectoire de cet homme qui fuit, se reconstruit et se débat avec ses démons intérieurs.

Un drame social contemporain

Le film se déroule en 2008, au cœur d’une crise économique qui a marqué une génération. Sergio, présenté d’emblée comme le stéréotype du supporter ultra, choisit de rester à Utrecht plutôt que de rentrer en Espagne. Il se retrouve seul, sans argent, sans repères linguistiques et loin des siens. Ce décor offre le terrain d’un questionnement puissant : comment se construire quand tout s’effondre autour de soi ? La précarité devient ici toile de fond mais ne se limite pas à un thème social — elle dévoile les fissures d’une identité exacerbée par la colère, la solitude et la recherche d’un sens.

Mario Casas : une performance nuancée et troublante

Ce rôle est sans doute l’un des plus aboutis de la carrière de Mario Casas. L’acteur offre une interprétation où l’on hésite constamment entre compassion et crainte. Sergio peut basculer d’un geste tendre à une explosion de violence intérieure en un instant ; Casas capte ces intermittences avec une vérité qui empêche tout jugement simpliste. On ne sait jamais vraiment ce qui va émerger du personnage — une vague de tendresse cherchée, une quête d’affection, ou une rage qui menace d’engloutir tout sur son passage. Ce jeu tout en nuances élève le film bien au-delà du simple drame social.

Rencontres et soutiens : le rôle des secondaires

La trajectoire de Sergio croise celle d’autres migrants et locaux, dont un personnage incarné par David Verdaguer. Ces interactions dressent le portrait d’une communauté souvent invisibilisée : ensemble, ils affrontent le racisme, la marginalisation et l’isolement. Ironiquement, même en terre étrangère, des hiérarchies et des jugements persistent, rendant leur quotidien doublement difficile. Ces rencontres donnent au film des moments de chaleur humaine mais aussi des poignantes contradictions.

Thèmes qui résonnent avec nous

  • La quête d’identité loin du foyer familial
  • La précarité économique et ses répercussions psychologiques
  • Le poids des stéréotypes et la résilience des exclus
  • Ces fils conducteurs permettent à « Muy lejos » de parler à un public large : jeunes obligés de partir, personnes confrontées à la précarité, ou simplement spectateurs sensibles à l’humain dans toute sa fragilité.

    Pourquoi ce film nous touche tant

    Il y a dans « Muy lejos » une forme d’intimité qui s’installe dès les premières images. On est témoin de moments de gêne, d’éclats, de silence et de tendresse maladroite — autant d’instants qui construisent la vérité du personnage. Le film ne cherche pas à être sensationnaliste ; il préfère l’observation fine, presque musicale, d’une âme en reconstruction. Pour une fondatrice de MadameMary.fr qui prône la célébration des plaisirs simples et de la sincérité, ce cinéma-là est précieux : il rappelle que la vie se compose de petites ruptures et de nouvelles tentatives pour se définir.

    Un premier film prometteur par Gerard Oms

    En signant son premier long métrage, Gerard Oms réussit à porter un récit dur sans sombrer dans le misérabilisme. Le film trouve un équilibre délicat entre réalisme social et pudeur émotionnelle. L’approche de mise en scène laisse respirer les personnages, donne du temps aux regards et aux silences, moments souvent plus éloquents que les dialogues. Oms installe une atmosphère qui capte l’attention et invite à la réflexion plutôt qu’à la consommation rapide.

    Ce que j’en retiens en tant que lectrice et curatrice

    Regarder « Muy lejos » m’a donné ce sentiment rare d’avoir vu un film qui compte. Au-delà de l’admiration pour la performance de Mario Casas, j’ai apprécié la façon dont l’histoire met en lumière la complexité humaine : trop souvent, on réduit les parcours migratoires à des chiffres ou à des stéréotypes. Ici, on retrouve la chair, les contradictions et la dignité des personnages. Pour nos lectrices en quête d’émotions sincères et de récits qui parlent au cœur, c’est une pépite à mettre absolument dans sa watchlist Movistar+.

    Moments forts à surveiller

  • Les séquences où Sergio oscille entre tendresse et colère — véritables révélateurs du personnage.
  • Les rencontres avec d’autres migrants, qui soulignent la solidarité et l’isolement.
  • La manière dont la crise économique est intégrée comme moteur narratif sans être omniprésente.
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