Quand la plainte devient une mauvaise habitude
Cette semaine, j’ai réalisé à quel point je me suis laissée emporter par de petites contrariétés du quotidien. L’eau trop froide sous la douche, la file d’attente interminable au supermarché, un colis retardé… Autant d’éléments qui, pris isolément, ne méritent pas qu’on leur accorde autant d’énergie négative. Pourtant, je me surprends chaque jour à me plaindre, comme si je préparais un palmarès des pires tracas. Résultat : je finis la journée épuisée avant même d’avoir attaqué mon planning.
Apprendre à relativiser : le conseil de Victor Küppers
Victor Küppers, docteur en Humanités et professeur à l’université de Barcelone, est devenu en quelques années un expert incontournable de la psychologie positive. Dans son dernier entretien sur le podcast « Elijo ser feliz », il nous invite à remettre nos plaintes à leur juste place. Selon lui, la motivation sert à démarrer un projet, mais pour aller au bout, c’est surtout la force de volonté et la discipline qui comptent.
Au-delà de cette vision du « travail de soi », Küppers défend une idée simple et puissante : si le problème n’est pas grave, il faut apprendre à relativiser. En d’autres termes, ne pas se mettre en colère pour des cafés mal servis ou des retards de train. Car, si on veut protéger notre bien-être émotionnel, mieux vaut poser un nouveau regard sur ces petites contrariétés plutôt que de les laisser grossir dans notre esprit.
Les clés pour relativiser efficacement
- Accepter l’imperfection : tout n’est pas sous notre contrôle, et c’est très bien comme ça.
- Faire la différence entre plaintes constructives et lamentations chroniques : un temps de parole pour évacuer, puis on tourne la page.
- Redimensionner l’impact émotionnel : comprendre que la frustration, si elle n’est pas excessivement intense, n’a pas à dominer nos journées.
En pratique, relativiser consiste à réinterpréter cognitivement la situation. Plutôt que de se répéter « Pourquoi moi ? », on se demande « Est-ce que cela aura une importance dans un mois ? ». Si la réponse est non, autant lâcher prise tout de suite.
Le cercle d’influence selon Stephen Covey
Pour aller plus loin, Victor Küppers s’inspire de l’approche de Stephen Covey, auteur des « 7 habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent ». Covey distingue deux cercles :
- Cercle de préoccupation : tout ce qui nous affecte, mais sur quoi nous n’avons aucun contrôle (météo, embouteillages, décisions des autres).
- Cercle d’influence : ce sur quoi nous pouvons agir directement (nos pensées, nos réactions, notre organisation).
L’astuce est de focaliser son énergie sur le cercle d’influence. Privé de contrôle sur le retard d’un train, on peut néanmoins décider de réorganiser son emploi du temps ou d’en profiter pour lire un article inspirant.
Reconnaître et gérer ses émotions
La psychologue Iria Reguera rappelle que toutes les émotions sont légitimes : colère, tristesse, déception… Néanmoins, les laisser s’installer en boucle ne résout rien. Le premier pas, c’est de nommer ce que l’on ressent : « Je suis énervée parce que… » Cela permet de sortir du réflexe de plainte automatique et d’ouvrir la voie à une gestion plus saine.
Ensuite, on peut choisir une stratégie adaptée : respiration consciente, marche en plein air ou petite pause téïda pour apaiser le mental. L’idée n’est pas d’étouffer l’émotion, mais de l’accueillir sans s’y enliser.
Astuces de Mary pour cultiver la légèreté au quotidien
- La question magique : « Est-ce que dans un mois j’y penserai encore ? » Si non, c’est gagné.
- Le carnet de gratitude : noter chaque soir trois petites victoires ou moments plaisants pour équilibrer la balance émotionnelle.
- La mini-ritualisation : instaurer un rituel pour lâcher prise, comme une courte séance de méditation ou une tasse de thé.
- Le « stop » mental : à chaque spirale de plainte, se dire « stop » et relancer une pensée positive ou un plan d’action.
Ces petits gestes, cumulés jour après jour, permettent de reprendre le pouvoir sur son humeur et de conserver son énergie pour les vrais défis de la vie.
Adopter la philosophie du tunnel, pas du puits
Enfin, souvenez-vous des mots de Küppers : « Nous traversons des tunnels, pas des puits. » Chaque difficulté est temporaire et fait partie du chemin. En relativisant, on se donne les moyens de traverser ces tunnels avec plus de sérénité, sans risquer de s’y enliser. Respirer, observer, relativiser… et avancer, toujours.