Chaque été, la Grèce attire des millions de voyageurs en quête de soleil, de mer turquoise et de patrimoines millénaires. Pourtant, derrière cette image paradisiaque, se cache aujourd’hui une réalité inquiétante : plus de 80 000 postes saisonniers restent encore à pourvoir à la veille de la haute saison touristique. Comment ce pays, dont l’économie repose largement sur le tourisme, peut-il se retrouver en manque cruel de personnels indispensables ? Mary vous explique tous les enjeux de cette crise estivale.
Un tourisme en pleine explosion
Selon les dernières estimations, la Grèce recevra cet été près de 33 millions de visiteurs, pour une population résidente de moins de 11 millions d’habitants. À Athènes, la capitale historique, le flux de touristes devrait atteindre un record sans précédent. Pourtant, dès la fin du printemps, hôteliers, restaurateurs et agences de voyage s’inquiètent : ils n’ont toujours pas trouvé assez de personnel pour assurer un service de qualité tout au long de la saison.
Des emplois vacants et des commerces à l’arrêt
- Postes recherchés : personnel de nettoyage, cuisiniers, serveurs, réceptionnistes…
- Nombre de postes non pourvus : environ 80 000.
- Conséquences : établissements contraints de réduire leurs horaires ou de fermer temporairement.
L’image des tavernes bondées et des plages animées pourrait bien être ternie par des fermetures inopinées ou un service à la clientèle dégradé. Un comble pour un secteur touristique qui représente à lui seul près du quart du PIB grec.
Les causes structurelles de la pénurie
Plusieurs facteurs expliquent cette rareté de main-d’œuvre :
- Extérnalité des saisons : les contrats d’emploi durent rarement plus de trois mois, le temps de la haute saison, laissant les travailleurs sans ressource pour le reste de l’année.
- Précarité du logement : plus de 70 % des offres Airbnb sont détenues par des entreprises, rendant l’accès à un logement abordable quasi impossible pour les employés saisonniers.
- Déclin démographique : la Grèce peine à retenir ses jeunes diplômés, après un exode massif d’un demi-million de personnes lors de la crise économique et un nouvel exode lié à la pandémie de Covid-19.
Des mesures d’urgence… et leurs limites
Pour pallier cette situation, le gouvernement grec a mis en place plusieurs initiatives :
- Légalisation de 30 000 migrants pour obtenir un statut de travailleur.
- Accords de mobilité avec l’Égypte, le Vietnam et le Bangladesh.
- Organisation de salons de l’emploi à l’étranger pour recruter directement.
- Formation des demandeurs d’asile par la Fédération Hellénique des Hôteliers, suivie d’un recrutement garanti en fin de mois.
Ces mesures montrent la détermination des autorités à sauver la saison, mais elles soulèvent aussi des questions sur l’accueil des migrants et sur la durabilité d’un modèle économique fondé sur l’emploi précaire.
Vers 40 millions de touristes en 2028 : un défi colossal
Le ministère grec du Tourisme anticipe déjà près de 40 millions de visiteurs pour 2028, soit presque quatre fois la population du pays. Cet objectif ambitieux exige une main-d’œuvre stable et qualifiée, un défi majeur si rien n’est fait pour rendre les conditions d’emploi plus attractives.
Leçons pour les autres destinations européennes
La situation grecque n’est pas isolée : en Espagne aussi, le secteur hôtelier souffre d’un manque de personnel. Pour y remédier, les chaînes hôtelières signent des partenariats avec les écoles de commerce et les instituts de formation hôtelière. Résultat : en 2024, les travailleurs étrangers représentaient 79 % des nouvelles embauches dans le secteur touristique espagnol.
Ce que cela signifie pour les voyageurs
- Réservation anticipée : mieux vaut planifier son séjour bien en amont pour éviter de se retrouver sans options d’hébergement.
- Flexibilité des dates : viser les inter-saisons (mai-juin ou septembre-octobre) pour bénéficier d’un service plus fluide.
- Soutien au tourisme local : privilégier les établissements familiaux qui misent sur l’accueil et la fidélisation du personnel.
En tant que lectrices de MadameMary.fr, nous savons combien l’excellence du service fait partie de l’expérience de voyage. Cette crise est l’occasion de repenser nos pratiques de réservation et de soutenir un tourisme plus responsable et durable.