Réapprendre à déconnecter pour mieux stimuler son esprit
Dans notre monde hyperconnecté et obsédé par la performance, nous avons tendance à remplir chaque minute de la journée avec des tâches, des rendez-vous et des notifications. Pourtant, loin de libérer tout le potentiel de notre cerveau, cette course effrénée l’empêche de fonctionner à son meilleur niveau. C’est ce qu’explique le neurocientifique Joseph Jebelli dans son ouvrage « The Brain at Rest ». Selon lui, le secret des esprits les plus brillants — de Bill Gates à Léonard de Vinci — ne réside pas dans un quotient intellectuel exceptionnel, mais dans leur capacité à s’accorder des parenthèses de solitude active.
La solitude active : quand le cerveau forge de nouvelles connexions
Contrairement à la solitude subie, souvent source de détresse, la solitude choisie et recherchée devient un puissant outil de développement cognitif. Lorsque nous nous retrouvons seuls, sans distractions extérieures, notre cerveau active ce qu’on appelle le « réseau neuronal par défaut ». C’est dans ces moments de calme que s’opèrent :
- La consolidation des apprentissages et des souvenirs, grâce à une meilleure organisation des informations.
- La création de nouvelles synapses, renforçant nos compétences et affûtant notre curiosité.
- La maturation de nos réflexions, ouvrant la voie à des idées originales et à une créativité décuplée.
Lorsque Léonard de Vinci contemplait longuement « La Cène » avant de reprendre son pinceau, ou lorsque Bill Gates se retire chaque année dans sa « semaine de réflexion » au bord de la mer, ils nourrissent ces réseaux internes, sources de découvertes et d’innovations.
Pourquoi les « semaines de réflexion » changent tout
Depuis les années 1990, Bill Gates s’impose régulièrement ces périodes de retrait complet, où il désactive son téléphone, s’isole dans une cabane face à l’océan et se plonge dans la lecture et la méditation. C’est au cours d’une de ces semaines solitaires qu’est né Internet Explorer en 1995. Ce type de rituel présente plusieurs avantages :
- Un recul indispensable pour évaluer sereinement vos projets et leurs enjeux.
- Une respiration mentale qui fait chuter le niveau de stress et régule la production de cortisol.
- Un renouveau d’énergie et de motivation, grâce à la déconnexion totale des stimuli quotidiens.
Plus nous laissons notre esprit vagabonder, plus il se nourrit d’informations internes et externes pour les amalgamer sous de nouvelles formes.
Comment débuter sa propre pause créative
Pas besoin d’une cabane au bord de la mer pour profiter des bienfaits de la solitude active. Voici quelques étapes simples pour intégrer ces moments à votre quotidien :
- Réservez 10 minutes par jour dans un endroit calme, sans téléphone ni ordinateur.
- Asseyez-vous confortablement, fermez les yeux ou contemplez paisiblement l’horizon.
- Laissez votre esprit vagabonder librement, sans chercher à contrôler vos pensées.
- Notez ensuite les idées ou intuitions qui surgissent, même les plus improbables.
Avec un peu de pratique, ces pauses offrent un véritable bol d’air pour votre cerveau, lui permettant de traiter l’information de façon plus profonde et durable.
Sélectionner ses interactions sociales pour préserver son équilibre
Le neurocientifique souligne aussi l’importance de privilégier des échanges de qualité. Passer du temps avec des personnes qui drainent votre énergie ou que vous fréquentez par simple obligation fait bondir vos taux de cortisol, hormone du stress, et contraint votre cerveau à fonctionner en mode alerte permanente. Pour concilier vie sociale et bien-être mental :
- Choisissez des rencontres enrichissantes, où vous vous sentez compris et soutenu.
- Limitez les interactions superficielles et apprenez à décliner les invitations pesantes.
- Planifiez des activités collectives stimulantes, comme un atelier d’écriture ou un cours de dessin.
Les activités solitaires qui nourrissent votre créativité
Plusieurs pratiques permettent de choyer votre cerveau tout en vous accordant un moment de calme :
- Écrire un journal intime pour structurer vos idées et faire le point sur vos émotions.
- Jouer d’un instrument de musique, même débutant, pour activer des zones sensorielles et motrices.
- Peindre, dessiner ou réaliser tout autre loisir créatif, stimulant la libre expression.
- Pratiquer le jardinage ou l’entretien d’un petit coin de verdure, source d’apaisement.
- Marcher en pleine nature, de préférence en silence, pour offrir un cadre propice à l’introspection.
Chacune de ces activités sollicite votre attention de façon profonde, sans la pression de la performance, et offre à votre cerveau la possibilité de se ressourcer et d’innover.
Vers une intelligence émotionnelle renforcée
En cultivant régulièrement ces moments de solitude choisie, vous développez également une meilleure connaissance de vous-même. Vous devenez plus à l’écoute de vos besoins et de vos émotions, conditions essentielles pour renforcer votre intelligence émotionnelle. C’est ce mélange subtil d’introspection et d’élan créatif qui, selon Jebelli, fait le trait commun des esprits d’exception.