Les origines méconnues du chotis madrilène
Chaque mois de mai, Madrid s’embrase au rythme de la fête de San Isidro. Les rues se parent de chulapos et chulapas, les castagnettes résonnent et le chotis devient la danse incontournable. Pourtant, ce pas chassé, si ancré dans l’identité madrilène, ne trouve pas ses racines en Espagne. À la croisée des mystères culturels, le chotis puise ses origines dans une danse d’Europe centrale : le Schottisch.
Du Schottisch à la « polca allemande »
Au XIXᵉ siècle, sous les dorures de l’Empire austro-hongrois, naît le Schottisch, littéralement « écossais » en allemand, malgré un lien ténu avec l’Écosse. Cette danse de salon, faite de pas chassés et de mouvements tournoyants, s’étend alors dans toute l’Europe. En Espagne, on la découvre officiellement le 3 novembre 1850 au Palais Royal, à l’occasion d’une fête donnée par la reine Isabelle II. Elle y fait sensation sous le nom de polca alemana.
L’adaptation madrilène et l’identité castiza
Les Madrilènes tombent immédiatement sous le charme de cette mélodie venue du nord-est de l’Europe. Rapidement, ils simplifient les figures du Schottisch pour en faire un pas accessible à tous, même sur les pavés de la capitale. Les organillos s’emparent des airs, les paroles exaltent les beautés de Madrid et la robe portée sous le mantón de Manila devient un symbole de la castizos : la fierté des quartiers populaires.
Comment célébrer San Isidro avec style
- Le costume chulapo : chemise blanche, pantalon sombre et gilet brodé pour les hommes ; robe à volants et foulard à pois pour les femmes.
- Le mantón de Manila : brodé de fleurs, il se porte sur les épaules pour souligner le port de tête.
- La paire de chaussures : optez pour des chaussures en cuir confortables, idéalement couleur brique ou noir, afin de soutenir le rythme du pas chassé sur les pavés.
- Les accessoires tendance : un petit panier en osier, des boucles d’oreilles en forme d’éventail, et pourquoi pas un foulard à carreaux revisité par une marque de mode espagnole.
Apporter une touche madrilène à la maison
Impossible de résister à l’esprit de Madrid chez soi ! Pour recréer l’ambiance de San Isidro dans votre intérieur, misez sur :
- Des carreaux de céramique colorés, inspirés des azulejos andalous.
- Des coussins brochés de motifs floraux rappelant le mantón de Manila.
- Un coin « fiesta » avec guirlandes à pompons et lanternes rouges et jaunes.
- Une sélection d’affiches vintage de la Verbena de la Paloma ou d’anciennes cartes postales de Madrid.
Un voyage culturel à Madrid
Si vous rêvez d’évasion, planifiez votre prochaine escapade à Madrid autour de San Isidro (15 mai). Baladez-vous dans les Praderas de San Isidro pour danser en plein air, visitez le musée du Prado en matinée, puis laissez-vous entraîner vers les fontaines historiques de la Plaza Mayor. Ne manquez pas non plus les tavernes autour de la Latina pour déguster un cocido madrileño avant d’admirer les pas de chotis sous un ciel étoilé.
Les pas de base pour maîtriser le chotis
Rien de tel qu’un mini-cours pour vous lancer ! Voici les étapes essentielles :
- Positionnez-vous face à votre partenaire, main droite dans la main gauche de l’autre.
- Le pied gauche en avant pour le premier pas, puis ramenez le pied droit à côté du gauche.
- Reculez le pied gauche en reprise, puis ramenez le droit.
- Variez le rythme en accélérant doucement la cadence pour donner du piment à la danse.
- Ajoutez un petit tour sur vous-même au bout de quatre pas pour déployer toute la grâce madrilène.
En découvrant aujourd’hui la véritable histoire du chotis, on mesure mieux le mélange des influences qui font la richesse de Madrid. De la Bohême autrichienne aux ruelles castizas, ce pas chassé incarne l’esprit festif, populaire et ouvert du cœur de l’Espagne : un mélange inattendu, mais terriblement réjouissant.