61 400 photos par seconde : quand nos souvenirs se pixelisent

En 2024, le monde a capturé en moyenne 61 400 clichés chaque seconde, soit près de 5,3 milliards de photos par jour. À l’ère du smartphone, nous photographions tout : les monuments, les paysages, les plats et même nos amis. Pourtant, paradoxalement, ce réflexe fige souvent nos souvenirs au lieu de les graver dans notre mémoire. En voyage, la soif de l’image prend le pas sur la joie de l’expérience, et Mary vous explique pourquoi et comment retrouver l’équilibre.

La mémoire autobiographique malmenée par l’objectif

La mémoire autobiographique, celle qui retrace notre vie et construit notre identité, repose sur deux piliers cérébraux : l’hippocampe, chargé de consolider les nouvelles expériences, et le cortex préfrontal, qui organise nos récits intérieurs. Selon la psychologue María Alejandra Castro Arbeláez, ces souvenirs personnels sont « le ciment de notre biographie ». Pourtant, une étude récente a révélé que photographier un objet ou une scène peut nuire à notre capacité à nous en souvenir plus tard : en déléguant le travail mnésique à notre smartphone, nous arrêtons de nous concentrer sur les détails, la couleur des murs ou le jeu de lumière, et la scène s’évapore de notre mémoire.

Photographier ou vivre l’instant ? Le dilemme

Fabian Hutmacher, psychologue à l’université de Würzburg, explique que la photo devient un « cerveau externe » : « Nous référons moins à notre mémoire interne qu’à la galerie de notre téléphone ». Ainsi, plutôt que de ressentir la brise, d’entendre les cloches au loin ou de savourer une bouchée de cette spécialité locale, nous cherchons le meilleur angle, la lumière idéale, et, souvent, nous manquons l’essentiel. Emma Templeton, chercheuse à Dartmouth, confirme dans Vox que « le simple fait de prendre des photos suffit à réduire les scores lors de tests de mémoire ». Chaque notification, chaque pression du déclencheur crée une micro-distration, et notre cerveau ne retient plus ce qu’il devrait.

Les réseaux sociaux : amplificateurs de souvenirs artificiels

Sur Instagram, TikTok et compagnie, le voyage est parfois réduit à un catalogue de clichés destinés aux likes. Le concept de « selfie-gaze » illustre ce phénomène : plutôt que de contempler un paysage, nous nous focalisons sur la manière de le rendre « instagrameable ». Les destinations deviennent alors des décors scénarisés, pensés pour être photographiés, au détriment de l’émotion authentique. Les hôtels et sites touristiques aménagent leurs espaces pour créer des zones « photo-friendly », éloignant toujours un peu plus le voyageur de l’instant présent.

Les risques d’une mémoire exteriorisée

Photographier sans limite peut non seulement affaiblir notre mémoire, mais aussi accroître le sentiment d’isolement. Nous passons plus de temps derrière l’écran que face aux habitants, aux saveurs et aux impressions. Les souvenirs deviennent des fichiers numériques souvent oubliés, jamais développés, et la magie du voyage se dissout dans la liste de nos albums virtuels. En dépit de cette profusion d’images, notre bagage émotionnel se trouve appauvri.

Les astuces de Mary pour des souvenirs inoubliables

Pour Mary, fondatrice de MadameMary.fr, l’art de voyager réside dans l’équilibre entre capturer quelques instants et vivre pleinement l’expérience. Voici ses conseils :

  • Choisir 3 à 5
    moments clés par jour pour photographier, et ranger le téléphone le reste du temps.
  • Privilégier la qualité à la quantité : un cliché réussi suffit souvent à faire revivre l’émotion.
  • Utiliser un « mode silencieux » pour éviter les notifications et rester concentrée.
  • Tenir un carnet de voyage : gribouiller un mot, un dessin ou un détail sensoriel aide à ancrer le souvenir.
  • Prendre le temps de se poser sans smartphone : admirer le paysage à l’œil nu, respirer et écouter.
  • Reprendre le contrôle de nos expériences

    En adoptant ces pratiques, vous réapprenez à faire confiance à votre mémoire et à vivre intensément chaque instant. Le voyage n’est pas une course contre l’oubli, mais une occasion de s’enrichir, de s’émerveiller et de créer des souvenirs authentiques. Mary vous invite à poser votre téléphone, lever les yeux et ressentir le monde tel qu’il se présente, sans filtre.

    Titre optimisé :
    Voyage : 61 400 photos/seconde – le piège choquant qui détruit vos souvenirs

    Image de l’article source :
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    By Mary